Maroc, Rabat-Salé-Kénitra
Dans le cadre des 20 ans de l’Accord de coopération entre la Région de Bruxelles-Capitale et la Région de Rabat-Salé-Kénitra, une délégation officielle bruxelloise s’est envolée pour le soleil marocain afin de découvrir certains de nos projets réalisés avec nos partenaires locaux.
Pour célébrer les 20 ans de coopération qui unissent le Maroc et la Belgique, Rudi Vervoort, le Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale, ainsi que Pascal Smet, le Secrétaire d’État de la Région en charge des Relations Internationales, accompagnés de Anne Claes, la Directrice générale de Brussels International, se sont rendu·es à Rabat afin signer un nouvel accord-cadre avec le président de la Région Rabat-Salé-Kénitra, Rachid El Abdi.
Ce fût notamment pour Echos Communication l’occasion de présenter la clôture du projet « Professionnalisation des Travailleur·ses Domestiques » réalisé en partenariat avec le REMESS, la Région de Rabat-Salé-Kénitra, la Ville de Rabat, le CGLU Afrique, l’Association Hack&Pitch et l’ODECO (Office du Développement de la Coopération), pendant la période de 2019 à 2021 et qui a bénéficié d’un co-financement de la part de Brussels International d’un montant de 125 000€.
Pour rappel, ce projet visait la professionnalisation des Travailleur·ses Domestiques dans la Région de Rabat-Salé-Kénitra, suite à l’entrée en vigueur fin 2018 de la nouvelle loi marocaine 19.12 fixant les conditions de travail et d’emploi des travailleur·ses domestiques. Cette loi s’inscrit dans une volonté du Maroc de généraliser la couverture sociale pour tou·te·s les citoyen·nes du pays.
Il faut savoir que le Maroc compte plus de 7 millions de ménages et que le recours au personnel de maison n’est plus seulement réservé aux familles aisées. Ce secteur emploie une main d’œuvre vulnérable vivant une multitude de problèmes d’ordre économique et social. Le constat général a fait ressortir la nécessité et l’urgence de mettre en place un cadre réglementaire pour éviter les abus auxquels est exposée cette population qui n’a pas été couverte par le code du travail de 2004. L’entrée en vigueur en octobre 2018 de loi spécifique 19-12 fixant les conditions de travail et d’emploi des travailleur·ses domestiques a été un grand soulagement et une réponse aux différents mouvements de plaidoyer menés par la société civile en particulier. Les statistiques présentent sommairement qu’il s’agit de 100 000 à 200 000 emplois dans ce secteur. Cette loi concerne l’ensemble des travailleur·ses domestiques : les femmes et hommes de ménage mais également les chauffeur·es, gardien·nes, jardinier·es. Le 10 janvier 2019, le Conseil de gouvernement a adopté le projet de décret sur l’immatriculation du personnel de maison à la CNSS. L’ensemble de mesures de protection légale a été pris en faveur de cette catégorie de travailleur·ses. Il est désormais impératif de prévoir un accompagnement permettant à ces employé·es de s’organiser et de développer des capacités de négociation pour mieux défendre leurs droits vis-à-vis de leurs employeur·ses. Aussi un effort doit être observé pour sensibiliser les employeur·ses pour mieux respecter les dispositions de la loi en vigueur. Le personnel de maison étant dans une situation précaire n’a pas les outils pour faire le plaidoyer auprès des employeur·ses. Il existe aussi de nombreux intermédiaires informels qui profitent de la situation précaire et l’absence de contrôle pour mettre en relation les employé·es et le ou la travailleur·se domestique avec des conditions financières opaques.
« Notre objectif principal c’est d’encadrer cette population de travailleur·ses pour les soutenir à sortir de l’informel et à passer dans un travail formel. Le secteur informel représente aujourd’hui 80% du monde du travail au Maroc. Ce n’est pas acceptable pour un pays comme le Maroc. », constate Nadia Soubat, Membre de la Confédération Démocratique du Travail & Coordinatrice du projet sur le travail domestique.
Lors de cet évènement, Gautier Brygo, notre représentant au Maroc, a décrit le projet : « Il s’agissait d’organiser et former les travailleur·ses domestiques de manière innovante, renforcer leurs compétences métiers, leurs donner des bases juridiques, faire quelques dons de matériels adaptés, accompagner des entreprises de l’économie sociale et solidaire et enfin de pouvoir, en fonction des cas identifiés, immatriculer le ou la travailleur·se domestique suivant la nouvelle loi au Maroc. ». Il a également eu l’opportunité de préciser une des contributions originales d’Echos Communication à ce projet, notamment au niveau de la conception et la mise en place d’un Carnet de bord digital au profit des travailleur·ses domestiques. Ce carnet sert d’identité numérique et a pour but de faciliter l’accès aux informations sur les opportunités d’insertion socio-économique, de réseautage ou d’offres d’emplois. Une belle réussite puisque cette initiative a bénéficié à plus de 300 travailleur·ses domestiques (jardinier·es, agent·es d’entretien, gardien·nes et chauffeur·es) et a permis de créer 20 Groupements économiques et plusieurs coopératives ainsi qu’une application mobile et un site web dédiés permettant une meilleure organisation des travailleur·ses concernés.
« Ce projet est, pour nous, très important. Ce n’est pas seulement la coopération au développement mais c’est augmenter les droits sociaux. Créer un acquis social. Et ça, c’est fondamental pour faire en sorte que toute personne qui travaille puisse le faire en toute dignité humaine. » relève Pascal Smet, Secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale.
Lors de cet événement, les représentant·es bruxellois·es ont eu l’opportunité d’échanger avec de nombreu·ses bénéficiaires du projet. Pascal Smet et Rudi Vervoort ont notamment participé à une visite guidée des stands des coopératives bénéficiaires du programme d’accompagnement assuré dans le cadre du « PTD ». En effet, plusieurs coopératives créées par des travailleur·ses du secteur informel étaient venues pour présenter leurs nouveaux projets professionnels. Il y avait notamment AWAN TEAWAN, une coopérative d’Agent·es d’entretien; Afrique Show, une coopérative de femmes migrantes qui ont pu accéder au programme d’accompagnement; ainsi qu’une coopérative de jardiniers. Une tournée riche en échanges conviviaux avec les représentant·es des coopératives, qui ont témoigné de leurs services et expériences.
Finalement, la journée s’est conclue avec un atelier pratique de rempotage de plantes à l’École de Jardinage de Bouregreg Med O Med. Les élèves de l’école, accompagné·es de Toa Toran, Directrice de l’École, ont invité nos ministres à découvrir l’établissement ainsi que les installations qui serviront à la prolongation du projet, avant de leur proposer de mettre la main à la pâte dans la pépinière.
Le succès de ce projet est tel que la Région de Bruxelles-Capitale a décidé de reconduire le soutien à notre ONG jusqu’en 2024, avec un focus particulier sur l’insertion économique et l’entreprenariat des femmes et des jeunes exerçant.e.s. Cette continuité, financée par Brussels International de nouveau pour un montant de 125 000€, cible plus particulièrement deux catégories de métiers très demandés chez les particuliers, notamment dans les zones urbaines et péri-urbaines, à savoir : les métiers d’aide-ménagère et de jardinier.e. Ces deux groupes cibles nécessitent d’être accompagnés dans leurs parcours vers leur intégration dans le marché du travail, une indépendance financière, une meilleure jouissance de leurs droits fondamentaux et la préservation de leur dignité, d’où le nom du projet KARAMATI (signifie “ma dignité” en arabe). Ce nouveau programme tient compte des enseignements du projet « Travailleur·ses Domestiques » et débutera d’ici la fin de l’année 2022.