Sénégal, Burkina Faso, Projet PEG
Dans le cadre du projet pour la promotion de l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes (PEG), des parcours d’accompagnement et de formation des organisations de la société civile (OSC) ont été organisés à Kaolack au Sénégal, à Dédougou et à Boromo au Burkina Faso de février à décembre 2023.
Ces parcours d’accompagnement ont été conçus suite à un projet laboratoire mené au Maroc par deux coach·es territoriaux. Ils ont été conçus sur base de l’analyse des besoins des organisations féminines sélectionnées, des coopératives, associations et réseaux présidés et/ou constitués majoritairement de femmes. Un guide méthodologique pour la réalisation des parcours d’accompagnement a été élaboré afin d’utiliser la démarche du Coaching territorial tout en permettant une certaine liberté aux prestataires et au Centre de Coaching territorial menant les parcours.
Ainsi, les objectifs du parcours d’accompagnement étaient de renforcer les compétences individuelles, organisationnelles, techniques et relatives au genre des membres des OSC participantes, d’appuyer les coopératives et associations participantes dans la consolidation de leur projet et de leur structuration et mise en réseau ainsi que de promouvoir l’autonomisation économique des femmes, surtout les plus vulnérables, à travers l’économie sociale et solidaire. Au total, 31 organisations représentées par 143 personnes, dont plus de 90% de femmes, ont pris part à ces parcours.
Afin d’intégrer les considérations de genre et d’inclusion sociale dans les formations, les critères de sélection des organisations de la société civile (OSC) bénéficiaires ont été élaborés en amont, en lien avec la prise en compte du genre. Ainsi, “dans le cadre de la sélection des OSC, une priorité a été accordée aux coopératives et associations de femmes ou aux OSC dans lesquelles les femmes représentent 50% ou plus des adhérent·es et des membres du bureau. Il a été mentionné expressément que les candidatures masculines sont autorisées, mais seulement en binôme ou trinôme avec des femmes (dans le cas du trinôme, il faut 2 femmes).” comme l’explique Mahamadou Kabore, sociologue et expert en aménagement du territoire et gouvernance locale dans les pays du Sud, responsable de la mise en œuvre des parcours de Dédougou et de Boromo. “En plus de cela, pour l’animation des sessions de formation, les consultants ont pris en compte le genre en suscitant des candidatures féminines pendant le recrutement des formateur·rices. C’est à ce titre notamment qu’une formatrice a été recrutée pour animer la formation sur l’élaboration des plans d’affaires dans la commune de Dédougou.”
Des formations pratiques et techniques
Sous forme d’ateliers, plusieurs thématiques ont été abordées, telles que la formation sur le micro-entreprenariat, la gouvernance et management organisationnel, le marketing et communication digitale ou encore le développement personnel et le leadership. Des formations manuelles étaient également incluses à Kaolack, à savoir la transformation des fruits et légumes ainsi que la saponification. Ces formations ont permis aux femmes de renforcer leurs capacités, de prendre en charge leur avenir économique mais aussi de promouvoir l’égalité des sexes.
Ndeye Fatou Mbaye, membre de la coopérative Femme Nouvelle Vision de Kaolack, revient sur son expérience : “La formation sur le micro-entreprenariat que j’ai suivie a été particulièrement enrichissante. Ce qui m’a le plus marqué dans cette formation, c’est son approche pratique et axée sur les réalités du terrain. Les formateurs ont partagé des études de cas pertinentes, ce qui a permis d’illustrer concrètement les défis auxquels les micro-entrepreneurs peuvent être confrontés. Nous avons eu l’opportunité de travailler sur des plans d’affaires réels, d’analyser des exemples de réussite et d’échecs et d’obtenir des retours constructifs de la part des formateurs expérimentés. De plus, la formation nous a également fourni des ressources pratiques, telles que des modèles de plans d’affaires, des guides sur la comptabilité de base et des conseils sur la gestion des petites entreprises. Cela a facilité l’application directe des connaissances acquises dans notre propre contexte.”
En outre, les formations ont été dispensées par des prestataires de la région. À Kaolack, ces parcours d’accompagnement ont été mis en place par le Centre de Coaching Territorial de Kaolack, organe technique du Conseil Départemental de Kaolack. Quant à Dédougou et Boromo, ils ont été mis en place par des consultants en collaboration avec la Délégation spéciale régionale de la Boucle du Mouhoun.
Une approche basée sur le territoire
La particularité de ces formations réside dans son lien avec le Coaching territorial, une approche visant à accompagner les acteurs et actrices dans le développement et la gestion d’un territoire. Le Coaching territorial peut également jouer un rôle dans la promotion de l’égalité des genres au niveau local. En intégrant une perspective de genre dans les interventions de Coaching territorial, des questions spécifiques liées aux inégalités entre les hommes et les femmes peuvent être abordées.
À Kaolack, la mise en œuvre de cette activité a donc été confiée au Centre de Coaching Territorial du Département. Le rôle spécifique des animateurs et animatrices coachs était “d’organiser et coordonner les activités du Centre de Coaching territorial en lien avec le projet”, comme l’explique Aly Mbaye, animateur coach territorial au Centre de Coaching territorial de Kaolack. “Par rapport aux formations des OSC, mon travail était de rédiger les TDR de recrutement des prestataires formateurs, réceptionner les demandes de candidature et prendre part au comité de sélection. J’étais aussi chargé de programmer les sessions de formation en lien avec les prestataires et les présidentes des OSC bénéficiaires. J’assistais également au déroulement de ces formations pour veiller à ce que le contenu des formations réponde aux attentes des bénéficiaires. Je faisais le suivi post formation des OSC avec l’équipe du centre pour évaluer le niveau de compréhension des modules et le processus d’utilisation au sein de leur organisation.”
En mettant en avant le développement endogène à travers le Coaching territorial, on reconnaît le potentiel des actrices et acteurs locaux, y compris les OSC, à devenir des catalyseurs de changement positif dans leur propre territoire. Cette approche favorise l’autonomie, la résilience et la pérennité des initiatives de développement, tout en renforçant les liens communautaires et la capacité des populations locales à façonner leur avenir.
Des résultats positifs
Comme le souligne Jean Robert Traoré, point focal du projet PEG au sein de la Délégation spéciale régionale de la Boucle du Mouhoun, “ces formations ont permis aux associations et coopératives de découvrir et acquérir de nouvelles connaissances et de se mettre en réseaux pour la production et la commercialisation des produits desdites associations/coopératives. Certaines associations et coopératives ont pu intégrer un réseau national de femmes pour échanger sur les questions politiques et en lien avec l’égalité du genre et l’autonomisation économique des femmes. La mobilisation des participant·es durant le parcours d’accompagnement témoigne de leur attachement à acquérir les connaissances relatives aux thématiques de formation. L’ensemble des associations et coopératives ont témoigné leur satisfaction. Ce fut l’occasion pour elles de se partager les expériences.’’
Yatma Diop, point focal du projet PEG au sein du Conseil départemental de Kaolack, complète en expliquant que “le parcours d’accompagnement des OSC dans le département de Kaolack est venu à point nommé. Certes, les OSC ont en amont reçu des formations. Mais la différence avec celles déroulées se trouve dans le choix des sessions, qui émane essentiellement des idées des bénéficiaires. Réunissant des hommes et femmes issu·es de 11 organisations de la société civile féminine, le parcours a permis à ces dernières de mieux s’organiser du point de vue administratif, managérial, marketing, etc. N’oublions pas les formations pratiques portant sur la transformation des fruits et légumes ainsi que sur la saponification. Celles-ci sont récompensées par un appui en petit matériel qui va permettre aux OSC de démarrer des activités dans ces domaines.’’
Finalement, Mahamadou Kabore résume le tout en expliquant que les trois méthodes de formation qui se sont révélées les plus efficaces sont “l’implication des formateurs locaux, l’animation des sessions de formation en langues nationales (Mooré et Dioula) et la réalisation d’exercices pratiques.”
Le suivi post-formation
Suite à la réalisation de ces parcours d’accompagnement, l’équipe du Centre de Coaching territorial et les organisations de la société civile (OSC) participantes de Kaolack ont proposé des recommandations pour le suivi post-formation afin de mener un accompagnement autour de l’assimilation et la démultiplication de ces formations par les OSC. Celles-ci se sont engagées à partager le contenu de la formation avec d’autres OSC n’ayant pas pris part aux parcours d’accompagnement, dans une démarche d’ancrage territorial.
Ainsi, au Sénégal comme au Burkina Faso, des activités de suivi post-formation ont d’ores et déjà été prévues avec d’un côté, un appui technique et financier pour l’obtention des certifications des produits (FRA, codes barres) pour les coopératives et de l’autre, un appui aux OSC pour leur mise en réseau et les activités de démultiplication.
Pour en savoir plus sur l’élaboration du guide méthodologique : https://www.echoscommunication.org/former-et-accompagner-les-organisations-de-la-societe-civile-a-oujda/
Pour en savoir plus sur le projet PEG : https://projetpeg.org/actualite/