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Sénégal

La deuxième édition du Festival des Cultures Joola s’est déroulée du 1er au 4 décembre dans la commune d’Oussouye et le 14 décembre à l’université Assane Seck de Ziguinchor. Avec plus de 5000 participant·es venu·es du Sénégal et d’ailleurs, cette deuxième édition a rencontré un franc succès tout en créant du bénéfice social, culturel et académique pour le département d’Oussouye.

Le département d’Oussouye situé en Basse-Casamance au Sénégal se caractérise par des écosystèmes diversifiés mais fragiles, composés de bolongs, mangroves, forêts, espaces agricoles, pastoraux et d’importantes ressources ligneuses. Le tourisme s’y est beaucoup développé à un moment donné mais ne s’est pas encore stabilisé dans le temps, notamment à cause des conflits antérieurs. Pourtant, le département dispose de nombreux potentiels, y compris avec la possible réouverture du Parc national de Basse-Casamance (PNBC). Par ailleurs, on retrouve un patrimoine interconfessionnel qui est à la fois très important dans ce territoire (religions traditionnelles, religions monothéistes) mais aussi très vivant. Ce patrimoine immatériel ainsi que son environnement portent suffisamment de ressources, de valeurs, de pratiques vivantes, pour constituer aussi bien un terreau permettant aux habitants de refonder leurs visions et stratégies de développement sur leurs propres imaginaires, que de renforcer le vivre ensemble afin de maintenir la paix, la stabilité et la cohésion sociale qui caractérisent la Casamance.

Ainsi, le festival des cultures Joola a pour objectif principal de promouvoir et valoriser les cultures joolas pour le développement durable du département d’Oussouye et la consolidation de la paix. Organisé par Echos Communication et ses partenaires dont le Maan du Bubajum Ayyi, roi d’Oussouye, Enda Graf Sahel, l’ASDI, le Conseil Départemental d’Oussouye ainsi que les cinq communes du département, le festival s’est déroulé sous le haut patronage du Sibilumbaye Diédhiou, le Maan (Roi) du Bubajum Ayyi, ainsi que le Ministre de la culture et du patrimoine historique, le parrain Monsieur Habib Léon Ndiaye, Secrétaire général du ministère de la culture et du patrimoine historique et la marraine Madame Aïssatou Cissé, conseillère spéciale du président de la république chargée de la promotion des droits des personnes handicapées et vulnérables, ce qui illustre à nouveau cet esprit d’inclusion et de diversité.

Le festival a rassemblé environ 5.000 participant·es durant quatre jours de festivités et d’échanges à Oussouye et une centaine de personnes aux conférences de l’Université de Ziguinchor. Ainsi, joola, sérères, wolofs, chrétiens, musulmans, professeurs, étudiants, membres de GIE, acteurs et actrices du milieu associatif, collectivités territoriales, royauté, partenaires se sont mobilisés à leur échelle pour l’événement ou pour prendre part aux différentes prestations et activités. Cette mobilisation diversifiée d’acteurs et d’actrices permet de réaliser l’impact important qu’a cet évènement et illustre adéquatement la culture joola, connue pour son hospitalité et son altérité.

Ces diverses animations, bien que n’étant pas toutes authentiquement joola, illustrent les relations interculturelles qui peuvent se trouver sur le territoire casamançais (entre joola, chrétiens, musulmans, wolofs, sérères, peuls, etc.), d’où l’appellation du Festival des Cultures Joola.

Au-delà des célébrations, des festivités, du rassemblement d’acteurs du terroir et de la promotion culturelle, un des enjeux primordiaux était de questionner le devenir de ces cultures joola et l’avenir de ses traditions face aux changements divers présents sur le territoire. Pour ce faire, trois panels scientifiques se sont tenus durant les journées des 3 et 4 décembre. Plusieurs thèmes ont été abordés, tels que : “Le devenir des ressources naturelles et environnementales”, “Le devenir des instruments aratoires et les systèmes de cultures”, et “Religions de terroirs. Religions du Livre.” Ces conférences ont lancé d’importantes discussions et de riches échanges, tant culturels que religieux, autour du développement durable de la région et son environnement.

Emmanuel Ndione, président d’Enda Graf Sahel, évoque notamment la nécessité de rompre avec le développement occidentalisé trop présent encore sur le territoire aujourd’hui : « Une rupture est nécessaire. La vision du développement est aujourd’hui occidentale. Il y a des manipulateurs qui veulent que le monde entier corresponde et rentre dans une seule logique, politique, économique qui est pensée par qu’une seule partie du monde. Dans ce monde, on ne peut parler de démocratie, uniquement d’allégeance. Nous ne sommes pas dans une logique de changement tant que l’on n’inclut pas la majorité d’entre nous. » Des interventions fortes, comme celle aussi de Mousa Sène Absa, réalisateur du film « Madame Brouette », interrogeant les logiques colonisatrices et l’avenir du territoire si ce dernier ne parvient pas à se détacher de ces logiques pour se développer : « Le nègre s’est construit avec la nature. Il faut revenir au fondement, retrouver notre identité. Je vois les cahiers de mon enfant, je me demande ce qu’il apprend. On nous demande d’être l’Autre mais l’Autre qui est-il? Celui qui détruit et qui se perd ? », ou la réflexion de Gérôme Symbiane, doctorant en sociologie, sur la cohabitation des religions et la conversion d’un joola à une nouvelle religion, importée et étrangère au milieu joola : «Est-ce qu’on peut être un bon musulman ou un bon chrétien en restant un bon joola ? ». Pour clôturer et enrichir ces questionnements, la journée du 14 décembre s’est concentrée, dans un premier temps, sur le rapatriement des objets culturels et humains présenté par le professeur Felwine Sarr (Duke University), et dans un second temps, sur le thème de la Casamance en débat qui a essentiellement questionné les dynamiques d’un territoire de post conflit.

Notre implication spécifique

En plus du soutien financier octroyé par Wallonie Bruxelles International (WBI), et organisationnel dans la mise en place de ce grand événement culturel, Echos Communication a également été actif à travers l’équipe d’animateurs et animatrices coach et leur stand présentant la démarche du coaching territorial. Les animateurs et animatrices se sont à la fois mobilisé·es dans le festival en tant qu’acteurs et actrices locaux·ales mais ils et elles se sont également investi·es en tant qu’animateur·trice coach sur leur stand afin de présenter la démarche, échanger, rencontrer des partenaires et faire connaître le travail accompli (sociogramme et atelier de synergie) et le travail futur. Ils ont ainsi eu l’opportunité à la fois de compléter leur formation, mais aussi de faire connaître une nouvelle méthode de développement local initiée par Echos Communication.  

En plus du bénéfice social, culturel et académique, le festival a également permis de renforcer les activités économiques, que cela soit au niveau des stands et du village artisanal mais aussi grâce au tourisme important qui a entraîné des activités économiques fortes dans les secteurs de la restauration, du commerce et de l’hébergement dans la commune d’Oussouye et dans les communes avoisinantes, telles que le Cap-skirring et Mlomp. Le festival culturel a rencontré un franc succès et nous nous en réjouissons d’autant plus que les acteurs et actrices locaux·ales se préoccupent déjà des prochaines éditions et des améliorations qu’ils pourraient y apporter. Ainsi, nous pourrions envisager une implication encore plus importante des populations locales et des partenaires dans les éditions à venir permettant de réunir davantage d’acteurs et d’actrices et de continuer à co-construire un environnement propice au développement durable et au maintien de la paix.

Photos: Matar Ndour | Photographie (ndourawaly.com)

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