Projet PEG
Malgré les efforts conséquents et les progrès considérables du Maroc, Sénégal et Burkina Faso en matière de lutte contre les inégalités de genre et d’autonomisation économique des femmes, de nombreux freins persistent. En effet, beaucoup de facteurs marquent de manière profonde les relations inégalitaires entre la femme et l’homme: stéréotypes, articulation vie privée-vie professionnelle, lois contraignantes…
C’est dans ce contexte que s’inscrit notre nouveau projet “Promotion de l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes” dans la Région de l’Oriental au Maroc, le Département de Kaolack au Sénégal et la Région de la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso (ou projet PEG), qui vise à mobiliser, relier et renforcer les compétences des acteur·rices de la société civile et des pouvoirs publics sur cette thématique. Proclamée comme composante essentielle au développement durable et à la paix, l’égalité des genres a été fixée par l’ONU en 2015 comme cinquième objectif de développement durable, ou ODD 5. Lorsque ce but a été défini par l’ONU, la déclaration qui en a résulté a établi douze objectifs stratégiques pour lutter contre les inégalités sociales, économiques et politiques liées au genre. Elle a été adoptée à l’unanimité par les 189 gouvernements présents, qui se sont engagés à traduire ces orientations internationales en politiques publiques nationales.
Durant la cérémonie de lancement du projet PEG, Soukaina Benkirane, docteur en sciences politiques et coach territoriale, a mentionné des “croyances culturelles qui limitent la participation de la femme en Afrique”, comme la “peur de prendre le pouvoir, d’avoir une posture de leader, de ne pas être une bonne mère et épouse”. C’est pourquoi ce projet vise à renforcer les capacités à agir des acteur·rices des trois régions en les accompagnant dans la mise en œuvre d’activités liées à la participation des femmes à la vie économique et l’accroissement de leurs pouvoir d’action.
Il s’inscrit directement dans les stratégies nationales des trois pays en matière d’égalité et de genre. Plus précisément, au Maroc, notre démarche d’intervention est ancrée dans la stratégie nationale marocaine, et plus précisément dans l’axe 3 du Nouveau modèle de développement datant de 2021. Au niveau du Sénégal, elle s’inscrit dans le Plan Sénégal émergent (PSE) ainsi que dans la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (SNEEG) formulés par le gouvernement sénégalais. Finalement, au Burkina Faso, notre intervention s’insère dans la stratégie nationale burkinabè explicitée dans la Politique Nationale Genre (PNG) adoptée en 2009, qui sert de cadre de référence et d’orientation en matière d’égalité de genre. En outre, le projet PEG couvre également plusieurs objectifs de développement durable établis par l’ONU, notamment les objectifs 8 (travail décent et croissance économique), 10 (inégalités réduites), 11 (villes et communautés durables), 16 (paix, justice et institutions efficaces) et 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs).
Ce projet ambitieux est porté par notre coordinateur de projet Amaël Cognacq, qui a rejoint notre équipe pour la durée de ce projet. Il est réalisé en partenariat avec les Conseils régionaux de ces trois collectivités, l’Agence de développement de l’Oriental et trois organisations panafricaines, Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) Afrique, le Réseau africain de l’économie sociale et solidaire (RAESS) et l’Union panafricaine de la jeunesse (UPJ). Ce projet a débuté le premier trimestre 2022 et est mis en œuvre jusqu’en 2024, soit pour une durée de deux ans et demi. Il est financé par la DGD Belgique à hauteur de 800.000€ et perçoit 244.000€ en contribution financière et nature de CGLU Afrique, l’Agence de l’Oriental, Echos Communication et les Conseils régionaux/départementaux partenaires, ce qui en fait notre projet le plus considérable jamais mené.
Compréhension du contexte d’intervention dans les trois régions
Pour citer quelques exemples d’inégalités, mais également de politiques publiques promotrices de l’égalité de genre et de participation des femmes à l’économie, afin d’appréhender les contextes spécifiques à chaque pays:
Au Maroc, l’Ambassadrice de Belgique a mentionné, lors de la cérémonie de lancement, l’ambition du roi du Maroc d’atteindre 30% de participation des femmes dans l’économie marocaine (contre 20% actuellement) en 2030. Selon le Haut-Commissariat au Plan, le taux d’analphabétisme des femmes dans les zones rurales de la région de l’Oriental est particulièrement élevé : 60,9%, contre 37% pour les hommes, et contre 30% hommes et femmes confondu.e.s à l’échelle nationale (données de 2014).
Quant au Sénégal, la représentante de l’Ambassadrice de Belgique a souligné le grand nombre de femmes confrontées à un assignement au rôle de femme au foyer ainsi qu’à une exposition aux violences morales et physiques, comme notamment des viols, mutilations génitales et mariages forcés. Néanmoins, dans le département de Kaolack, plusieurs milliers de femmes ont bénéficié des activités du centre de coaching territorial pour développer leurs activités économiques dans les secteurs du sel, des produits alimentaires et de la couture; preuve s’il en faut des opportunités de développement et d’autonomisation économique liées au renforcement de capacité des femmes.
Au Burkina Faso enfin, l’Ambassadeur de Belgique a fait état de la crise sécuritaire et alimentaire que traverse actuellement le pays. La Gouverneure de la région de la Boucle du Mouhoun a ajouté que sur les 50.000 déplacé.e.s internes de la région, 11.000 étaient des femmes et 29.000 des enfants, deux groupes particulièrement vulnérables en temps de conflit et de grand mouvement migratoire. La coordinatrice du réseau des coopératives de femmes de la région a démontré la résilience et l’organisation de ces coopératives. Celles-ci vendent des biens alimentaires et artisanaux afin de subvenir aux besoins de leurs familles et de scolariser leurs enfants, sans partenaire financier international.
Résultats attendus
Les parties prenantes partagent le même objectif à savoir : Promouvoir l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes dans les régions de l’Oriental au Maroc, de Kaolack au Sénégal et de la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso, dans une dynamique de coopération triangulaire sud/sud/nord, grâce au renforcement des compétences des OSC et des collectivités territoriales.
En ce sens, ils s’entendent pour collaborer à l’atteinte de quatre résultats ; soit une gouvernance participative, l’insertion professionnelle, une communication innovante ainsi qu’une coopération Nord-Sud-Sud. Plus spécifiquement, le projet PEG s’estimera réussi si:
- Les collectivités territoriales des trois régions ont renforcé leurs compétences et développent des modes de gouvernance participatifs, justes, inclusifs et durables en vue d’une autonomisation économique des femmes;
- Les OSC des trois régions mettent en œuvre des activités qui contribuent à l’égalité de genre, des droits humains et au renforcement de l’entreprenariat féminin et l’insertion socioprofessionnelle des femmes les plus vulnérables;
- Les parties prenantes des trois régions développent de modes de communication innovants pour déconstruire les stéréotypes et renforcer la cohésion sociale et l’insertion socio-professionnelle des femmes les plus vulnérables;
- Les trois régions mettent en œuvre une coopération sud/sud et triangulaire pour induire un changement en faveur de l’autonomisation économique des femmes.
Si vous souhaitez plus d’informations, le site officiel est enfin lancé et vous pourrez y découvrir une vidéo de présentation qui résume l’ensemble du projet en cliquant ici !